Marathon d’écriture

Du vendredi 7 mars 2008 à 19 h 30 au samedi 8 mars 2008 à 19 h 30, quatre mordues d’écriture ont participé, à l’International School of Brussels, à un Marathon d’écriture. Avec quelques dizaines d’autres jeunes de l’école organisatrice mais aussi d’autres établissements de Bruxelles et de sa périphérie, Ambre, Alessandra, Christelle et Neslihan sont allées au bout de leur imaginaire et de leur amour de l’écrit. Une quinzaine de jeunes Québécois participaient à l’aventure que vivaient en même temps, au Québec, quelques centaines de jeunes reliés à leurs amis belges par vidéoconférence.

Voici l’un des textes écrits au cours de ce marathon par Alessandra Di Cristofaro :


Je suis une vague. Qui éclate à la plus grande vitesse. Je voyage à longueur de vie. Je pars pour mieux revenir. Car après le bruit sourd qui émane de mon frôlement contre le sol, il y a mon silence, qui en est presqu’ un lorsque je me rabats sur moi- même. Mes mouvements dessinent les cailloux, les rochers, le sable, tout. Je suis bleue, je crois. Ou blanche. En moi il y a la vie, la sauvagerie, la Nature de tout être vivant. Ma vie est infinie, au final ça n’en est même pas une.

Je suis un saule pleureur. Tellement long. Comme l’infini, à ce qu’il me paraît… Je suis vieux, mon écorce est massive et dure comme la vie. Mon passé me rend triste ; mon présent ne m’importe. J’ai un tronc si large, des racines si longues et si profondes que tous les ébats d’une aventure pourrait s’y abriter sans craindre d’être découverts. J’abrite les secrets les plus lourds. Ma majesté est grande. On s’incline devant le saule, avant qu’il ne pleure de.

Je suis un colibri. J’ai le bec long. Et fin. Les fleurs sont mes racines, mon inspiration, mes couleurs de passage. Je m’y love encore, espérant y trouver, peut –être, une autre alternative. Une vie différente. Je suis très éphémère. La beauté est éphémère. Qu’est – ce que la beauté ? Je suis frêle comme le coquelicot. Je suis mangé parfois. La vie ne respecte pas souvent la fragilité de ses êtres. J’adore voler. L-i-b-e-r-t-é. Rien ne peut m’arriver. Si la mort me mordait, j’aurais vécu les cieux, et alors rien , jamais, ne pourrait m’empêcher de sourire. Encore.
Inlassablement.

Je suis un indien d’Amérique du Nord. Au faux plumage farouche, à la peinture vive au visage. Aux fumées délivrantes. Au dessein hasardeux. Je châsse le bison là est ma nature. J’aime la musique. De bois. Ma coiffe est brève. Je ne suis pas le plus grand des guerriers. Ma peau est brunie de Soleil levant. Je pêche les poissons, les fleurs, les signes. Le langage est un chant.

Je suis Emma Bovary. Je vis en France. Je suis la féminité même. Je suis l’alliance du mal avec lui- même. Je suis la tristesse, la solitude, l’allégresse, la détresse,… Je suis. Je suis un peu d’eux… Par mon égoïsme, mon narcissisme. Je suis tous les défauts épris de qualités. Je suis une héroïne. Je suis l’ Héroïne. Je suis l’amour cru, vache, rebelle, banal, littéral, entier ; Je suis empreint de folie, d’hystérie. Je suis la grâce et l’imperfection. Je suis une autre.

Je suis la fin du monde. Le crépuscule, la destination. Je suis l’étalage faible et doux. Je suis simplement le Soleil qui se couche. Oui, le coucher de Soleil. Mais sans lever. Il n’y en aura plus. Voici la fin. Douce et belle. Sans souffrance. Il faut juste s’effacer car la vie à présent est ailleurs envolée. Les ailes broyées sec, les suicides réciproques s’accomplissent en beauté et innocence. « Et puis quitter ce monde, sans pudeur ni morale ».
Je m’en vais. On s’en va . Sourire aux étoiles.

(« Le mourant dit qu’il va aller compter les étoiles et qu’il reviendra quand il les aura toutes comptées. » Proverbe tahitien)

Ambre et Christelle Cardella